Chantier de restauration des œuvres et mobiliers d’art par les élèves de l’Institut National du Patrimoine et l’Ecole du Louvre

Chantier de restauration des œuvres et mobiliers d'art par les élèves de l'Institut National du Patrimoine et l'Ecole du Louvre

Mai 2025 - Un chantier dans les parties fermées de la Chapelle Saint-Louis : les Magasins

Nichée au cœur de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière se trouve un joyau oublié du patrimoine français: la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière. Cette Chapelle est composée de quatre nefs et quatre petites chapelles. Au XVIIIe siècle, la nef sud fut partiellement coupée et un mur fut érigé. La partie coupée devint les Magasins, un espace sur cinq étages qui servit de lieu de stockage pour le blé et la farine. Aujourd’hui cet espace fermé au public représente plus de 900 m2, répartis sur cinq niveaux.

Ces Magasins sont le lieu qui abritent le plus d’œuvres classées de l’AP-HP, notamment de très nombreuses œuvres et mobilier liturgique, et ont vocation à être restaurées. Dans le cadre d’un important projet de restauration globale de la Chapelle qui comprend la sauvegarde de ces œuvres, la Direction du Mécénat et de la Culture a donc fait appel aux élèves de l’Ecole du Louvre et de l’Institut National du Patrimoine (INP). Ces élèves restaurateurs, conservateurs et régisseurs ont travaillé, à deux reprises, pour remettre en ordre les Magasins, qui étaient saturés depuis environ 50 ans. 

Le chantier : entre identification, restauration et découvertes

Le chantier s’est déroulé en deux étapes.

La première étape a été une phase de repérage, de dépoussiérage et d’analyse de tableaux. Elle a eu lieu en Avril 2025. Des élèves de l’INP ont travaillé au premier étage des Magasins où se trouvent 12 huiles sur toile grand format, dans un état critique, nécessitant une restauration immédiate. Certains de ces tableaux ont été auparavant présents dans la Chapelle, certains racontent l’histoire même de la Salpêtrière en représentant notamment la figure de Saint-Vincent-de-Paul, très présent lors de la création de l’Hôpital Général. 

A la suite de cette première intervention, les élèves ont rédigé un rapport de 70 pages avec l’ensemble des constats d’état des tableaux ce qui a permis de cibler les mesures d’urgence à mettre en place pour sauver ces œuvres uniques.

A ensuite eu lieu une deuxième phase, en Mai 2025. Des élèves de l’Ecole du Louvre et de l’INP sont venus sur les lieux pour un deuxième chantier afin d’effectuer un nouveau dépoussiérage, des constats d’état, des descriptions et datations, ainsi que pour protéger les éléments fragiles. Cette fois, ils n’ont pas seulement travaillé au premier étage mais aussi au rez-de-chaussée. Les élèves ont mis en place une chaîne de traitement en plusieurs étapes, afin que chaque œuvre soit correctement identifiée puis restaurée. Les œuvres étaient identifiées grâce à un constat d’état, notamment pour détecter les besoins urgents de restauration. Ensuite, les objets étaient dépoussiérés avec un aspirateur et des pinceaux doux, un traitement sommaire mais qui a permis toutefois d’améliorer la conservation des œuvres à petite échelle. Enfin, les objets étaient photographiés de façon standardisée pour réaliser un véritable inventaire, avant d’être rangés dans les réserves. 

L’une des grandes réussites du chantier fut de rendre les Magasins accessibles. Le chantier a permis de désencombrer totalement le rez-de-chaussée et le premier étage des Magasins, saturés depuis un demi-siècle. Il est maintenant possible d’accéder aux objets d’art et donc d’avoir une base de travail pour les restaurations futures. 

D’après les élèves et leur encadrante, le principal défi du chantier a été la difficulté physique. Les conditions de travail étaient éprouvantes à cause de la poussière, de la saleté et du poids des œuvres à déplacer.

De plus, les élèves se sont occupés de deux fois plus d’œuvres que prévu, ce qui s’est révélé être un véritable enjeu vu le temps court du chantier (1 semaine). Ils avaient reçu une liste de 71 objets à traiter mais en ont découvert presque autant dans les Magasins. 

Bien que toutes les œuvres aient été identifiées lors du processus de constat d’état, beaucoup d’œuvres manquaient d’informations, comme un titre ou un nom d’artiste et restent donc des mystères pour l’équipe de restauration mais aussi pour l’Hôpital. 

Ces chantiers ont aussi permis des découvertes intéressantes. L’une d’entre elles est un angelot en plâtre du XVIIIe siècle, qui était caché sous une couverture. En réalité, il est un élément d’une sculpture d’une Vierge de douleur tenant un Christ gisant. Cette sculpture est actuellement dans la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière et était à l’origine composée de deux anges veillant le Christ. Le deuxième ange avait cependant disparu. C’est en fait l’angelot qui a été retrouvé dans les Magasins! 

Un immense merci à l’ensemble des élèves conservateurs, restaurateurs qui ont participé à ces deux chantiers école. Leur travail a été crucial pour mieux comprendre les enjeux de conservation et de protection des œuvres et mobiliers d’art et de tous les trésors de la Chapelle Saint-Louis.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Après ce chantier, il reste plusieurs étapes afin de remettre en état les Magasins et de nombreuses questions se posent. Les objets liturgiques et tableaux qui ont été identifiés doivent-ils être remis dans la Chapelle? Comment restaurer sur le long terme les œuvres d’arts qui ont été découvertes? Un des deux organes de gouvernance du projet de restauration de la Chapelle – le conseil scientifique – a utilisé ces premières recommandations pour statuer sur les œuvres à protéger en priorité.

Tout d’abord, une restauration plus complète des œuvres est nécessaire, ainsi qu’une amélioration des conditions de conservation. Par exemple, un ensemble de peintures représentant un chemin de croix sont actuellement recouvertes d’une couche de moisissure et nécessitent une restauration urgente. Ensuite, l’enjeu sera de continuer à mener des recherches sur l’histoire et la provenance des objets dont on ignore encore l’origine. Puis se pose la question du retour de certaines œuvres d’art dans la Chapelle, après leur restauration. Un immense Christ sur la croix, qui a été découvert dans les Magasins, n’a par exemple plus de bras. Ils ont été retrouvés mais sont décollés de son corps. Il faut donc d’abord le restaurer puis se demander s’il doit être installé (ou réinstallé puisqu’on ne sait pas s’il y a déjà été) dans la Chapelle. 

Plus largement, la Direction du Mécénat et de la Culture lance cette année une campagne de levée de fonds pour récolter les 25 Millions d’euros nécessaires à la sauvegarde de ce joyau patrimonial oublié.  

Pour nous aider à atteindre cet objectif et contribuer à préserver ce patrimoine hospitalier, faites un don en cliquant ici

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