Histoire de la chapelle de la Pitié-Salpêtrière

Histoire de la chapelle de la Pitié-Salpêtrière

En 1656, trois ans après le début de son règne personnel, le roi Louis XIV signe un édit royal proclamant la fondation d’une institution réunissant sous sa bannière plusieurs maisons de charité disséminées dans la capitale sous le nom d’Hôpital Général. 

La mise en œuvre de ce projet ne fut pas aisée puisque le Parlement de Paris le rejeta une première fois, malgré le fervent appui de Vincent de Paul, futur saint Vincent de Paul. Souhaitant sortir de l’impasse, le premier président du Parlement de Paris et conseiller d’Etat, Pomponne II de Bellièvre, proposa un contre-projet qui fut accepté. L’Hôpital Général fut donc créé le 27 avril 1656, par l’édit royal promulgué par le tout jeune roi Louis XIV, sous l’impulsion de la reine régente Anne d’Autriche et du cardinal Mazarin. 

La genèse de l’Hôpital Général est alors formée de cinq établissements : Bicêtre, la Pitié, la maison Scipion, la savonnerie de Chaillot et la Salpêtrière. Ce dernier hospice est installé hors de Paris dans les anciens bâtiments du “Petit Arsenal”, communément appelé la ”salpêtrière” à cause de sa production de salpêtre utilisé dans la fabrication de la poudre à canon.

Lorsque la fabrication de poudre fut délocalisée à Vincennes sur ordre de Louis XIV, ce dernier récupéra les terrains pour en faire don à la duchesse d’Aiguillon qui décida d’y installer un hospice. Celui-ci accueillait les femmes, fillettes, couples âgés et garçons jusqu’à sept ans. Et à partir de 1684 avec la construction de la prison de la Force, la Salpêtrière fut l’hôte de criminelles, certaines célèbres comme la comtesse de la Motte, célèbre pour la fameuse “affaire du collier”. 

Le devoir des hospices et hôpitaux du XVIIe siècle n’était pas tant de sauver des vies que de sauver des âmes. Si aujourd’hui on entend évidemment le terme d’hôpital comme étant un établissement de soins médicaux où des professionnels de la santé diagnostiquent et guérissent les afflictions du corps, il n’en était rien au XVIIe siècle. La Salpêtrière était un établissement de “renfermement” des pauvres, comme cela était mentionné dans l’édit de fondation. La priorité était de sauver les âmes de ces indigents. À cet effet, la Salpêtrière était dotée d’une chapelle dédiée à saint Denis.

LA COMMANDE DE LA CHAPELLE

La chapelle Saint-Denis se révéla rapidement trop exiguë pour accueillir les résidents de l’hospice. En 1669, Louis XIV ordonna à son premier architecte, Louis Le Vau, des plans pour une nouvelle chapelle plus vaste et dédiée à saint Louis.

 

Malheureusement, Louis Le Vau n’eut le temps que de dessiner le plan au sol avant de décéder l’année suivante, en 1670. Un autre architecte fameux repris fut dépêché en urgence et continua les travaux de la chapelle : il s’agit de Libéral Bruant, maître d’œuvre de Notre-Dame des Victoires et dessinateur des plans de l’hôtel des Invalides. Le gros-oeuvre fut achevé dans les années 1680.

L'ÉGLISE À TRAVERS LES SIÈCLES

Le XVIIIe siècle

Une nouvelle distribution

Un des bouleversements majeurs dans la structure de la chapelle fut la soustraction de la nef Sud au culte à la fin du XVIIe siècle ou début du XVIIIe siècle. Elle fut soustraite, sur ses deux tiers, à la distribution générale et prit la forme d’un magasin de stockage pour le blé. Aujourd’hui, un mur à pan de bois et béton clôt cet espace, désormais vide, qui s’étale sur plus de 900 m² répartis sur trois niveaux.

La Révolution française 

Le 7 novembre 1793, l’argenterie de l’église est saisie, les reliquaires, les vases sacrés, et trois des quatre cloches sont envoyées à la fonte car, comme dans toutes les églises de France, on doit en conserver une pour sonner le tocsin et les victoires de la République. Les grandes orgues sont saisies en 1794. 

Le 15 novembre, la chapelle est fermée et transformée en grenier et magasin pour “plusieurs sortes de bestiaux”. 

Le XXe siècle

En 1927, l’édifice est classé au titre des Monuments Historiques par le ministre Edouard Herriot. 

La Première Guerre mondiale 

La chapelle Saint-Louis échappe de justesse aux ravages des bombardements allemands. En effet, le 23 mai 1918, quatre bombes frôlent les hôpitaux, et l’une d’elles s’abat sur la gare d’Austerlitz, à seulement quelques centaines de mètres de là. La chapelle, miraculeusement épargnée, reste debout.

La Seconde Guerre mondiale

Le 14 juin 1940, Paris tombe sous l’occupation allemande. Malgré les dangers, le personnel des hôpitaux parisiens demeure en grande partie à leur poste, y compris durant les terribles bombardements du 3 juin 1940. Fidèles à leur mission d’hospice, ils accueillent les infirmes et les personnes âgées incapables de fuir la ville.

Dès les premiers jours de l’Occupation, la résistance s’organise au sein de la Salpêtrière, notamment dans les ateliers et les magasins, où les informations circulent clandestinement. La Pitié, quant à elle, figure parmi les quatre grands hôpitaux parisiens réquisitionnés : elle est occupée pendant deux ans par la Wehrmacht, puis deux autres années par la Schutzstaffel.

La chapelle Saint-Louis, fort heureusement, échappe à l’Occupation et à aux dégradations. Peu d’événements marquent son histoire durant cette période, et seules quelques anecdotes subsistent à son sujet, comme celle du 19 août 1944 : un groupe de résistants, pressé de la libération à venir, hisse le drapeau tricolore au sommet de la chapelle. Une escouade allemande est dépêchée pour retirer l’emblème français.

Peu de temps après, le 25 août 1944, une messe solennelle en action de grâce est célébrée dans la chapelle, lors de la fête de saint Louis. Cet événement, empreint de faste, réunit une foule considérable, y compris des personnes peu portées sur la religion, témoignant de l’espoir renaissant dans la capitale libérée.

De nos jours

De nos jours, la chapelle Saint-Louis est encore animée par le culte catholique dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul où se déroule chaque jour la messe. Elle accueille également de nombreux événements tout au long de l’année : concerts, expositions, spectacles, réceptions et conférences. 

Vous souhaitez organiser un événement culturel au sein de la chapelle Saint-Louis ? Contactez : chapelle.saintlouis.psl@aphp.fr

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