CP – 11 avril 2016 | Définir l’état préclinique de la maladie d’Alzheimer

CP – 11 avril 2016 | Définir l’état préclinique de la maladie d’Alzheimer

Des médecins spécialistes de la maladie d’Alzheimer*, coordonnés par le Pr Bruno Dubois, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, et de l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC), se sont intéressés à la définition de la phase préclinique de la maladie d’Alzheimer, nouveau champ de recherche dans le domaine. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication le 29 mars 2016 dans la revue Alzheimer’s & Dementia.

La phase préclinique de la maladie d’Alzheimer suscite aujourd’hui l’intérêt des chercheurs. D’abord parce que des marqueurs biologiques de la maladie, qui signent la présence de l’affection, ont été découverts et qu’on sait que les lésions cérébrales sont présentes plusieurs années avant l’apparition des symptômes. Egalement parce que les médicaments physiopathologiques très prometteurs n’ont pas montré d’efficacité sur les symptômes de la maladie alors qu’ils diminuent de façon significative l’intensité des lésions cérébrales chez ces mêmes patients. D’où les questions qui se posent aujourd’hui : si ces médicaments sont actifs sur les lésions mais peu ou pas sur les symptômes, pourquoi ne pas les essayer chez des porteurs de lésions encore asymptomatiques ?

Dans la revue Alzheimer & Dementia, les auteurs insistent sur la nécessité de bien définir l’état préclinique de la maladie d’Alzheimer, ses limites, ses critères de reconnaissance, ses facteurs de risque, ses marqueurs de progression mais aussi de réfléchir aux problèmes éthiques que pourrait soulever l’identification d’une maladie et sa révélation chez des sujets sains.

La présence de lésions ne suffit pas à définir la maladie de façon formelle. En clinique, le diagnostic n’est porté qu’en présence de symptômes cliniques. L’état préclinique reste totalement du domaine de la recherche. « Nous ne savons pas encore, en effet, si tous ces sujets porteurs de lésions développeront un jour de façon immanquable la maladie d’Alzheimer et, si tel est le cas, dans combien de temps » explique le Pr Bruno Dubois. « Peut-on envisager de traiter quelqu’un pour une maladie dont il n’est pas certain qu’il la développera un jour ?  La présence de lésions suffit-elle à définir une maladie indépendamment de tout symptôme ? Cet article donne pour la 1ère fois des réponses à ces questions qui vont permettre d’encadrer les recherches à venir. »

Les auteurs établissent que la présence in vivo de biomarqueurs de la pathologie TAU et de la pathologie amyloïde définit l’état préclinique de la maladie d’Alzheimer. En pratique, ces marqueurs sont trouvés dans le liquide céphalo-rachidien, sous la forme d’une diminution de la concentration du peptide amyloïde et d’une augmentation de la concentration des protéines Tau totales ou phosphorylées. Le repérage de ces mêmes lésions peut se faire dans le cerveau par Tomographie par Emission de Positons (TEP).

*Groupe d’experts Européens et d’Amérique du Nord, issus pour la plupart de l’International Working Group et de l’Association américaine
Références : Preclinical Alzheimer’s disease : définition, natural history & diagnostic criteria – Alzheimer’s & Demention

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