
La troisième édition des Fièvres musicales s’est tenue du 17 au 23 juin 2024 à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, et le mercredi 19 à Armand-Trousseau, en partenariat avec les facultés de Santé et de Lettres de Sorbonne Université. Cette manifestation culturelle et musicale destinée aux patients, aux professionnels de l’AP-HP ainsi qu’au grand public a proposé une programmation artistique ambitieuse afin d’ouvrir l’hôpital sur la ville. Retour sur une troisième édition réussie
Un rassemblement unique de talents
Le festival Fièvres musicales se distingue par son esprit inclusif et rassembleur. Musiciens professionnels et amateurs, soignants, étudiants de Sorbonne Université et élèves des conservatoires de Paris se réunissent sur la même scène pour partager leur passion commune pour la musique.
Retour sur la 3e édition des Fièvres musicales
>> 7 jours, près de 60 concerts et plus de 200 musiciens
Ce festival unique a réuni des musiciens professionnels et amateurs, parmi lesquels des soignants, des étudiants de Sorbonne Université, ainsi que les élèves des conservatoires de Paris. En 2024, les Fièvres musicales ont poursuivi leur ouverture éclectique : de nouvelles expériences sonores avec des projets d’envergure ont investi le festival. Citons par exemple le Big band de jazz avec cent musiciens des conservatoires municipaux du 11ème et du 19ème arrondissements qui ont fait vibrer le Parc de la Hauteur de Pitié-Salpêtrière.
« Je trouve ça génial ! Si je devais résumer ce festival en trois mots : musique, gaité et vie » témoigne Dr Amélie Liou-Schischmanoff, pharmacienne.
Des collaborations artistiques innovantes sont venues enrichir la programmation, avec de nouvelles participations comme celle du Conservatoire municipal du 18ème arrondissement et de l’association Musique, Espaces des Amateurs (MusEA), et les classes d’accordéon et de musique de chambre du Conservatoire municipal du 12ème. Cette année a également marqué le retour des ensembles de musique de chambre formés au sein d’orchestres partenaires : Ondes plurielles, Elektra et l’ensemble Clarinetti
>> Des concerts ouvert à tous et au plus près des patients
En journée, les concerts se sont tenus dans les jardins, les bâtiments et les allées de Pitié-Salpêtrière. Ces parenthèses musicales en accès libre ont réjoui patients, professionnels et grand public.
Nadia Chougrani, archiviste à l’AP-HP, a apprécié que les concerts aient lieu dans toute la Pitié-Salpêtrière : « Nous avons l’occasion d’y faire un tour rapidement sans avoir à traverser tout l’hôpital ! C’est super pour les patients et pour les soignants d’avoir des musiciens qui viennent jouer sous leurs fenêtres. »
Benjamin Valette, professeur de guitare au Conservatoire Municipal du 12ème arrondissement, est venu avec ses élèves pour jouer des morceaux de musique latine. « Nous avons également monté un quatuor de guitare spécialement pour l’occasion ! » explique le guitariste, « C’est bien de pouvoir jouer pour des patients descendus de leurs chambres par des soignants et d’amener la musique à eux ainsi. »
Le comité d’organisation des Fièvres a toujours eu la volonté de toucher les publics en situation de fragilité ou de handicap en proposant des concerts au plus près des patients, notamment dans les services de réanimation et dans le tout nouvel Institut de neurologie. Flora, une patiente, témoigne : « Je viens régulièrement à l’Institut de neurologie. J’aimerais être accueillie comme ça à chaque fois ! »
Pierre, accompagnant un patient à l’Institut E3M, a été impressionné par l’événement : « Je suis dans une chorale et je sais toute l’organisation nécessaire pour donner ne serait-ce qu’un concert, alors une semaine de concerts sur tout l’hôpital, je n’imagine pas ! Bravo aux équipes des Fièvres musicales et merci pour ce que vous faites. »
>> Des concerts d’envergure à la chapelle Saint-Louis
Un public toujours plus nombreux et enthousiaste a assisté aux concerts du soir à chapelle Saint-Louis. Les œuvres de Bach, Beethoven, Chopin, Debussy, Mozart, Ravel, Stravinsky, Tchaïkovski, Borodine, Britten, Jortie, Fauré ou Dvořák ont résonné dans la chapelle. Avec plus de 200 spectateurs chaque soir, les concerts ont fait salle comble.
Les spectateurs ont pu profiter d’un programme varié : la Camerata des Fièvres musicales dirigée par Eric Lacrouts avec Régis Pasquier et Jean-Baptiste Fonlupt, Bach au piano par Geoffroy Couteau, un Récital à 2 pianos, le Quatuor Modigliani, le Chœur et Orchestre Sorbonne Université avec un programme « olympique », les Chœurs de Paris Lacryma Voce, l’Orchestre Symphonique des Médecins de France et un concert anniversaire des trente ans de l’Orchestre et Chœur de l’AP-HP.
« Ces concerts font vibrer les cœurs et les esprits. Chaque concert est une bouffée d’air frais qui nous rappelle à quel point la musique rassemble. » Antoine, spectateur au concert de piano de Marie-Josèphe Jude et Michel Béroff.
>> Un après-midi dédié au jeune public à Armand-Trousseau
Le mercredi 19 juin, les Fièvres musicales se sont également invitées à Trousseau avec une programmation adaptée aux plus jeunes.
C’est dans le Hall Paul-Louis Chigot que de nombreux jeunes musiciens et spectateurs se sont rassemblés avec leurs parents et les professionnels de l’hôpital pour écouter une adaptation de Pierre et le Loup pour trompette et piano, profiter d’un duo mère et fille (piano à quatre mains) ou encore découvrir des pièces de Fauré, Ravel, Rachmaninoff, Prokofiev, Gershwin et Dvořák.
« C’est agréable, la musique est apaisante. C’est déstressant et ça crée une bonne ambiance dans l’hôpital » raconte Françoise, maman d’un petit garçon venu pour une consultation.
Une jeune musicienne de la classe de Yaël Menassé Thiang du Conservatoire municipal de 13ème partage : « Nous n’avons pas l’habitude de jouer à l’hôpital, c’est une ambiance très particulière. Nous sommes très heureux de pouvoir partager notre musique avec ces jeunes patients. »
Des enfants entrainés par la musique ont dansé et profité de cette parenthèse musicale avec les soignants : « C’est touchant de voir nos patients oublier la maladie et de partager ce moment avec eux » confie Anne-Laure, aide-soignante.
Cette troisième édition des Fièvres musicales a apporté joie aux patients, aux soignants et au grand public. Avec une programmation riche et diversifiée, cet événement a su créer des moments de partage et d’émotion, faisant de la Pitié-Salpêtrière, et le temps d’une journée à Trousseau, un lieu de rencontre et de célébration artistique.
Consultez le programme complet des Fièvres musicales 2024
Les actus des Fièvres
News 4 du 11 juin 2024 Regards croisés sur le festival : 20 doigts sur un piano
Livia Naas et Mylène Berg sont deux pianistes françaises. Formées dans les Conservatoires supérieurs de Lyon, de Genève et de Bruxelles, elles partagent leurs vies entre l’enseignement et leur pratique de chambriste. Mylène Berg enseigne au Conservatoire de Beauvais et Livia Naas , au Conservatoire de Reims et à la Sorbonne. Elles se produisent cette année pour la première fois, au sein d’une programmation qui fait la part belle aux 4 mains. Elles nous livrent leur regard sur le festival et la pratique du piano à 4 mains.
Vous jouerez cette année pour la première fois aux Fièvres musicales, pour un programme à 4 mains qui sera donné 2 fois : une fois dans l’hôpital au plus près des patients le vendredi 21 juin, et lors d’un concert ouvert à tous, le dimanche 23 juin dans la chapelle. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a donné envie de participer à ce festival particulier ? Le besoin de faire vivre leur pratique au-delà du cadre standard des concerts classiques et de l’académisme musical. Aussi, il nous semble nécessaire et primordial d’inscrire notre activité dans des actions tournés vers l’humain, l’universalité de la musique et ses bienfaits sur la santé étant une de nos croyances les plus chères.
Vous donnerez cette année un programme à 4 mains, tourné autour de la danse, de la valse au ballet en passant par des influences folkloriques espagnoles et qui s’inscrit dans la thématique sportive de l’année. Quelles sont les difficultés et les richesses de la pratique du piano à 4 mains ? Partager un terrain de jeu complexe tel que le clavier avec un partenaire de chambre n’est pas une mince affaire. Il faut s’avoir faire des concessions, adapter sa technique pour laisser la place à l’autre, dans un soucis de perfection sonore. Laisser l’autre gérer une pédale pour ses propres doigts, gérer des modes de jeu à 20 doigts, tous les problèmes pianistiques sont multiplier par deux. Au lieu de jouer dans une équipe de 10 , vous jouez à 20, sur le même terrain. Cela demande beaucoup d’organisation et de sentiment musical partagé. Cependant les possibilités musicales de l’instrument orchestre n’en sont que décuplées.
Dans le répertoire du piano à 4 mains, Schubert, Mozart, Brahms sont des grand classiques. De façon originale et intéressante, le répertoire de la musique française sera mis à l’honneur dans votre programme. Quel regard portez vous sur ce répertoire français dans l’œuvre de piano à 4 mains ?Le répertoire français dans l’œuvre à 4 mains est particulièrement intéressant de part sa dimension orchestrale. Pour beaucoup, ce sont des œuvres qui ont suscitées des versions antérieures ou postérieures pour orchestre. Ce répertoire est donc propice à la recherche de timbres et sonorités les plus colorées possible.
News #3 du 30 mai 2024 – Regards croisés sur le festival : interview de Fabrice Loyal, violoncelliste-concertiste, enseignant à la Schola Cantorum et au conservatoire Charles Munch à Paris, et directeur artistique des Fièvres musicales depuis leur création.
Vous êtes le directeur artistique des Fièvres musicales, qui est un festival très particulier car il se déroule dans un hôpital. Pouvez vous nous dire pourquoi il vous semble important d’amener de la musique dans un tel environnement ?
Tout d’abord, l’humanisation de l’espace hospitalier ! La musique peut transformer l’atmosphère de l’hôpital, souvent mal perçu, en un espace plus chaleureux et accueillant. Ensuite, elle contribue à améliorer la qualité de vie des patients et des soignants. La musique peut stimuler la cognition et les sens, ce qui est bénéfique pour le rétablissement et le bien-être général des patients. En particulier les enfants y sont très sensibles et c’est pour cela que nous sommes ravis d’aller jouer également à l’hôpital Trousseau (NDLR : depuis 2023, les Fièvres organisent des concerts à l’hôpital pédiatrique Trousseau dans le 12ème arrondissement). Et enfin, la musique permet de réduire le sentiment d’isolement et facilite la communication entre les patients, leurs familles et le personnel soignant.
Les Fièvres musicales ne sont pas réservées aux patients mais sont ouvertes à tout type de public. Cette année encore, des invités prestigieux sont attendus. Pouvez vous nous présenter quelques éléments de le programmation de cette troisième édition ?
Je suis émerveillé de voir tant d’artistes incroyables répondre présent à cette troisième édition: Régis Pasquier, Éric Lacrouts, Jean-Baptiste Fonlupt, Michel Beroff, Marie Josephe Jude, le quatuor Modigliani, Geoffroy Couteau etc. Nous entendrons aussi des orchestres comme le Choeur et orchestre Sorbonne université, l’Orchestre et choeur de l’APHP, l’orchestre symphonique des médecins de France.
Nous traverserons différentes périodes de la musique en passant de Mozart à Stravinsky
Le festival est unique en son genre car il fait intervenir des musiciens d’horizons divers. Vous avez notamment initié une collaboration inédite avec des conservatoires parisiens. Pouvez vous nous donner quelques exemples d’intervention des conservatoires pendant la semaine du festival ?
La force de proposition des conservatoires parisiens est phénoménale, grâce à la passion des directeurs et directrices, l’énergie des professeurs et l’enthousiasme des élèves et des familles. Chaque espace dédié et chaque moment sera vraiment unique : il y aura des moments de musique baroque, de musiques actuelles, passant d’un seul musicien à de la musique de chambre classique pour finir avec un big band de 100 musiciens.
Pouvez vous nous dire comment s’organise la programmation d’un festival qui réunit plus de 50 concerts sur une semaine avec les invités prestigieux dont nous avons parlés ?
Avec énormément d’enthousiasme, de confiance dans les différents acteurs et partenaires, et comme dirait un sportif: avec beaucoup de sueur.
Enfin, avez vous quelques anecdotes insolites ou des souvenirs particuliers de ces 3 années à partager avec nous ?
J’en citerai deux :
la première, est cette patiente allemande qui passe au parc de la Hauteur et en entendant le groupe de jazz du conservatoire Charles Munch a pris le micro, et a chanté avec eux pendant deux heures pour le plus grand plaisir de tous.
la seconde est de voir le personnel soignant danser ensemble avec d’immenses sourires au milieu des musiciens, nous venions de sortir de la crise Covid et je me suis dit c’est gagné…
News #2 du 23 mai 2024 – Regards croisés sur le festival : interview de François Pinel
Pianiste et chef d’orchestre, François Pinel participe pour la troisième fois aux Fièvres musicales.
Cette année vous dirigez pour la première fois l’Orchestre Symphonique des Médecins de France. Quels sont les défis particuliers de la direction des orchestres amateurs ?
Le principal défi du chef d’orchestre est d’obtenir le meilleur, individuellement et collectivement, des musiciens qui lui font face, le fait qu’ils soient amateurs ou professionnels ne change rien.
La véritable question avec les ensembles amateurs ou peu expérimentés est de savoir à quelle hauteur on s’autorise à placer la barre ? Cet aspect varie bien entendu en fonction du niveau des instrumentistes, des difficultés que contiennent les œuvres à interpréter et du temps de répétition qui nous sépare du premier concert, mais le but recherché est bien de placer cette barre le plus haut possible, tout particulièrement en cette année olympique. C’est pour cette raison que je demande aux musiciens la même exigence dans le travail et la même concentration, quel que soit leur niveau et leur expérience.
Quel a été votre parcours de formation à la direction ?
J’ai eu la chance de rencontrer le chef allemand Robin Engelen au conservatoire royal de Bruxelles et de travailler avec lui plusieurs années. Cependant, malgré cet enseignement de très haute qualité, je suis convaincu que la véritable formation au métier de chef d’orchestre se fait en répétition, avec les musiciens. Bien entendu le savoir théorique est absolument considérable et celui-ci s’acquiert dès le plus jeune âge, notamment via l’étude, la lecture, l’enseignement, la pratique instrumentale en soliste ou au sein d’un ensemble, mais aussi au travers des différentes expériences qui jalonnent notre vie, mais le véritable apprentissage se fait sur le podium, de la première répétition au dernier geste du concert. On y apprend notamment à communiquer (par le geste de préférence), on se trompe aussi parfois, et les musiciens sont souvent les premiers à vous le faire remarquer.
C’est la troisième année que vous venez diriger au Fièvres musicales, qu’est-ce qui fait la particularité d’un tel festival ?
Il y a d’abord le lieu. Le vaste complexe de l’hôpital de la Salpêtrière est un endroit étonnant, à la fois calme et extrêmement vivant, situé en plein cœur de Paris. C’est avant tout un endroit où l’on soigne, et l’idée d’y faire entrer la musique me semble aller dans ce sens, un sens profondément humain.
Aussi, ce qui fait l’originalité du festival, c’est bien cet équilibre entre pratiques amateurs et musiciens professionnels. En journée, de la musique aux patients et aux personnels soignants, dans les chambres, couloirs, et jardins, avec des amateurs. Le soir, des concerts avec des professionnels accueillent un public de plus en plus nombreux dans la chapelle, édifice du XVIIème aussi grandiose dans ses proportions que modeste dans ses ornements.
J’ai dirigé en effet deux années de suite au festival à la tête de l’ensemble instrumental Ondes Plurielles, partageant la scène avec des solistes de grands talents (Pierre Fouchenneret, Déborah Nemtanu et Lise Berthaud) dans des œuvres de Mozart, Schumann et Brahms (symphonies N°2 et N°4). Cette année nous jouerons Borodine et Dvorak en clôture du festival avec l’Orchestre Symphonique des Médecins de France, j’ai hâte d’y être !
News #1 du 15 mai 2024 – Focus sur les trompettes
Les cuivres auront encore la part belle lors de la semaine des Fièvres musicales de cette année.
#lesaviezvous ?
La trompette est restée quasiment inchangée jusqu’au XIXe siècle : simple tuyau de cuivre recourbé, elle n’offrait que peu de notes à disposition. C’est en 1813 que le facteur d’instruments autrichien F. Blühmel inventa un système rotatif qui permettait, sur une simple pression digitale, de dévier l’air dans une coulisse annexée au tube principal : la longueur de la trompette était ainsi augmentée et offrait par conséquent une nouvelle série de notes. Agrémentée ensuite d’un système de pistons, puis de sourdines, ce fut le début de la trompette moderne, adoptée en particulier par les musiciens de jazz.
Les cuivres ont un répertoire éclectique, et viendront animer les jardins et couloirs de la Pitié-Salpêtrière et Trousseau !
Vous aimez la trompette ? notez dans vos agenda les concerts suivants :
- Lundi 17 juin, la fanfare du conservatoire Charles Munch (CMA11) (dirigée par Philippe Georges) viendra ouvrir la semaine de cuivres.
- Mardi 18 juin, c’est le projet « Mega Cuivres » avec une cinquantaine de cuivres que vous pourrez entendre à 12h dans le parc de la Hauteur, suivi d’un Big Band de jazz : 100 musiciens de jazz se produiront dans un projet exceptionnel piloté par les CMA11 et 19
- Egalement le mardi 18 juin, un surprenant duo trompette-piano se produira à l’institut E3M depuis un fougueux concerto russe de la période soviétique, suivi de la célèbre “Rhapsody in Blue“ de G. Gershwin. Et c’est un arrangement inédit de “Pierre et le Loup“ de S. Prokofiev qui viendra ravir oreilles des petits et grands à l’hôpital Trousseau le mercredi 19 juin
Vous voulez en savoir plus sur le festival des Fièvres musicales ?
Retrouvez toute l’information sur les éditions précédentes